En Suisse, même les toutes petites communes ont un système d’information territorial (SIT) – un sérieux atout pour gérer le quotidien, faire face aux enjeux de demain et innover dans les services aux citoyens !
Ingénieur en géomatique, Isabelle Besson est un pilier de la filiale suisse de GEOCONCEPT. Experte de la solution Geoconcept Edilis, elle nous explique comment les communes de Suisse Romande centralisent l’information géographique, l’utilisent et la partagent avec les citoyens.
Historiquement, les communes ont commencé à s’équiper de SIT à la fin des années 1990 parce que la confédération a exigé, moyennant une aide financière, qu’elles disposent d’un plan de leur réseau souterrain pour l’assainissement. Quelle que soit leur taille, les communes devaient se plier à cette obligation. C’est dans ce contexte que nous avons développé la solution Geoconcept Edilis qui, en proposant un modèle de données prêt à l’emploi, leur permettait de créer rapidement leur plan d’assainissement, de le maintenir à jour et, plus largement, de centraliser et cartographier toutes les données nécessaires à une bonne gestion du territoire, des équipements et du patrimoine communal.
Plus récemment, en 2007, la loi sur la géoinformation (Lgéo) a fixé de nouvelles règles en matière de saisie, de mise à jour et de gestion des géodonnées et métadonnées relevant des autorités fédérales, cantonales et communales. Cette loi, qui harmonise les formats de données et de métadonnées à l’échelle de la Suisse, demande également aux communes de rendre certaines catégories de données territoriales accessibles au public via un guichet/portail cartographique.
En d’autres termes, les communes suisses sont fortement incitées à s’équiper. Mais au-delà de l’obligation, je pense qu’elles se sont approprié ces outils parce qu’elles ont compris à quel point cette centralisation des données peut les aider dans leurs trois missions essentielles : informer, gérer et planifier.
« Les communes se sont approprié ces outils parce qu’elles ont compris à quel point cette centralisation des données peut les aider dans leurs trois missions essentielles : informer, gérer et planifier »
La couche de base, la fondation, c’est le cadastre. Elle est indispensable : sans cadastre, vous n’avez pas de plan des parcelles, pas de routes, pas de bâtiments, pas d’adresses… Bref vous ne pouvez rien géolocaliser précisément alors que c’est le point de départ de toute application géographique. Dès lors que vous avez ce socle, vous pouvez ajouter différentes couches : l’affectation des sols, les réseaux d’approvisionnement en eau et d’assainissement, les espaces verts, l’éclairage public… Pour que ce soit facile à mettre en œuvre, nous proposons aux communes un catalogue qui couvre aujourd’hui 25 thèmes.
Les communes choisissent les thèmes en fonction de leurs obligations, de leurs priorités et des spécificités de leur territoire. Bien entendu, chaque commune a la possibilité de développer ses propres thèmes. De notre côté, nous enrichissons notre catalogue à mesure que de nouvelles problématiques ou obligations légales apparaissent.
Un SIT est à la fois un outil de connaissance, de gestion, d’aide à la décision et d’information. Le fait de
Géoportail de la commune de Rolle (Canton de Vaud) – 6246 habitants (2018).
Réseau d’assainissement. Chaque tronçon est décrit dans une fiche fournissant une quinzaine d’informations dont la pente et le diamètre de la conduite : https://rolle.edilis.net
Les communes utilisent leur SIT au quotidien pour instruire les demandes de permis de construire et
Autre exemple, en matière d’aménagement cette fois : où implanter les zones de mobilité douce et des parkings à vélo ? Pour répondre à cette question d’actualité dans de nombreuses communes, on va prendre en compte les parkings et les arrêts de bus existants, matérialiser les zones correspondant à 3 ou 5 minutes de marche autour de ces arrêts, car on sait qu’au-delà les gens ne marchent pas… On voit ainsi quelles sont les zones les moins bien desservies et où il peut être pertinent de faire de nouveaux aménagements favorisant la mobilité douce : voies cyclables et piétonnières, bornes de recharge pour vélo électriques, parkings protégés pour les vélos et trottinettes…
Cela dépend beaucoup de leur taille et du type de solution qu’elles choisissent. Certaines grandes communes peuvent avoir toutes les compétences nécessaires en interne, mais ce que j’observe, c’est qu’elles sont nombreuses à faire appel à un mandataire qui se charge notamment de l’intégration et de l’actualisation de leurs données. Les petites communes se font toujours aider et, parmi celles qui ont choisi notre solution, elles optent désormais plutôt pour le portail cartographique que pour une solution desktop. Cette formule 100 % online, qui s’appuie sur
Quelle que soit la taille de la commune, l’avantage du portail est de masquer la complexité sous-jacente et de permettre au personnel des différents services d’être autonome dans l’utilisation quotidienne du SIT. Le responsable des espaces verts l’utilise pour organiser les plannings d’entretien et les optimiser. Les jardiniers peuvent consulter les caractéristiques des espaces sur lesquels ils doivent intervenir de façon à toujours emporter le matériel approprié. La secrétaire à qui un habitant signale que l’éclairage public devant chez lui ne fonctionne plus pourra, en saisissant le nom de la personne ou son adresse, immédiatement localiser le lampadaire concerné et demander aux techniciens d’intervenir dans les meilleurs délais. Je pourrais citer mille autres exemples où l’accès rapide à l’information géographique contribue à une gestion plus efficace et à une plus grande réactivité des services communaux aux demandes des citoyens.
« L’accès rapide à l’information géographique contribue à une gestion plus efficace et à une plus grande réactivité des services communaux aux demandes des citoyens. »
Nous avons beaucoup de demandes pour tout ce qui touche à l’environnement. J’ai évoqué la mobilité douce et les inventaires du patrimoine végétal, mais il y a aussi un besoin de cartographier les zones de bruit routier et les îlots de chaleur/fraîcheur, d’identifier le potentiel solaire des toits des bâtiments pour l’implantation de panneaux solaires. Les communes réalisent ou font réaliser les études de terrain et intègrent les mesures dans le SIT. En se rendant sur le géoportail d’Ecublens, un habitant voit immédiatement s’il est intéressant ou non pour lui de s’équiper de panneaux photovoltaïques.
Géoportail de la commune d’Ecublens (Canton de Vaud) – 12 939 habitants (2018).
Cartographie du potentiel solaire. https://map.ecublens.ch
Géoportail de la commune de Crassier (Canton de Vaud) – 1 175 habitants (2018).
Cartographie du réseau routier et des zones de bruit routier. https://crassier.edilis.net
Nous voyons également émerger des demandes plus sophistiquées en matière de gestion des déchets. Certaines communes commencent à s’équiper de conteneurs publics pourvus de capteurs qui envoient un signal lorsque le conteneur est plein et doit donc être vidé. L’objectif est d’
« La thématique « Smart City » – avec tout ce qu’elle implique en termes de localisation des équipements, de gestion et de diffusion temps réel des données – va prendre une importance croissante. »
C’est une évolution qui va considérablement aider les communes à