La cartographie est un puissant outil de compréhension et d’aide à la décision. Mais pour produire des cartes utiles et efficaces, il faut respecter un certain nombre de règles. Êtes-vous certain de connaître ces règles et de les maîtriser ?
Dans le monde de l’entreprise, la cartographie numérique s’est largement démocratisée et ses usages sont de plus en plus diversifiés. Les cartes sont ainsi couramment utilisées pour :
Si les
Voici de quoi éviter les principaux pièges et vous aider à produire des cartes qui servent vraiment vos objectifs.
Une bonne carte thématique est avant tout une carte qui délivre un message immédiat, parce que le mode de représentation choisi est adapté au sujet traité et s’appuie sur des conventions graphiques (symboles, couleurs) que le cerveau comprend sur-le-champ. Ces conventions ne sont pas le fruit du hasard. Elles constituent un langage visuel dont les principes, les règles et les limites résultent tous des exigences physiologiques de l’œil humain.
En conséquence, pour être de bonne qualité, une carte doit être :
La grande facilité actuelle à créer des cartes conduit souvent les non spécialistes à produire :
Pour ne pas tomber dans ces pièges, ne foncez pas tête baissée dans les fonctionnalités de votre logiciel. Commencez par réfléchir en vous efforçant de répondre aux questions suivantes :
Vous n’imaginez pas le temps que cet exercice de réflexion et de clarification peut vous faire gagner lors de l’étape suivante, c’est-à-dire la construction proprement dite de votre carte – sans parler de la qualité du résultat !
1 – Choisissez un fond de carte adapté à votre sujet. Inutile de vous encombrer des limites communales si toutes les données que vous comptez utiliser sont départementales. Le fond de carte est un support indispensable, mais il doit se faire discret et ne pas perturber la lecture des éléments signifiants de la carte. Pour cette raison, optez pour un tracé fin des entités administratives, en gris moyen plutôt qu’en noir.
2 – Travaillez à la bonne échelle – A l’écran, vous pouvez zoomer bien sûr. C’est pratique, mais c’est aussi trompeur, surtout si vos cartes sont destinées à l’impression. Les détails que vous avez fignolés, commune par commune, en zoomant au maximum à l’écran sur une carte nationale ont toutes les chances d’être illisibles une fois la carte imprimée au format A4.
3 – Éliminez les couches d’informations superflues ou « hors sujet » – Les bases de données cartographiques vous permettent d’afficher séparément les entités surfaciques, les routes ou encore le réseau hydrographique. Est-il bien nécessaire de faire apparaître ce dernier si vous voulez cartographier le chiffre d’affaires d’une de vos catégories de produits par commune ou par département ?
4 – Ne multipliez pas les formes d’expression graphiques – Il peut être tentant, pour présenter le maximum d’informations sur une même carte, d’avoir recours à des plages de couleurs pour une série de données, à des trames (hachures, points) surimposées à la couleur pour une deuxième, à des symboles proportionnels pour d’autres séries et, enfin, à des histogrammes ou à des camemberts. Votre carte, théoriquement très riche, sera simplement « inutilement compliquée », pour ne pas dire totalement illisible.
3 séries de données, dont 2 représentées sous forme de demi-camemberts accolés et proportionnels à la population totale de la commune, 21 couleurs, une légende qui n’en finit pas… Au final, une carte bariolée où la seule information immédiatement compréhensible est la densité de population. Et encore ! Quel est l'intérêt de faire une telle classification pour 47 malheureuses communes ?
Si toutes les informations que vous souhaitez présenter sont vraiment importantes, il est souvent plus judicieux de faire plusieurs cartes qui se complèteront.
5 – Ne négligez pas les éléments d’habillage – Une carte thématique comporte obligatoirement :
Même en cartographie thématique, la mention de l’échelle n’est pas optionnelle. En revanche, l’indication du nord n’est pas indispensable, sauf si vous choisissez délibérément de rompre avec la convention en mettant le nord en bas !
Qui dit cartographie d’une donnée statistique dit discrétisation, procédé consistant à transformer une série statistique brute en une série ordonnée divisée en classes. Pour que votre carte soit parlante, la discrétisation doit conserver l’ordre de grandeur, respecter la forme de la distribution et maximiser l’hétérogénéité entre les classes. Il existe de nombreuses techniques/méthodes de discrétisation (basées sur la moyenne, la médiane, l’écart-type, des quantiles, les écarts médians…). Les méthodes suivantes font parties des plus utilisées en cartographie :
Pour une même série de données (nombre de dentistes pour 100 000 habitants en 1990, dans l’exemple ci-dessous) vous pouvez obtenir des classes et donc des cartes très différentes selon la méthode de discrétisation choisie.
Quelle que soit la méthode choisie pour servir votre propos, gardez à l’esprit qu’au-delà de 7 classes, votre carte devient plus difficile à lire, même avec un choix de couleurs judicieux. La seule solution : retravailler votre découpage pour avoir entre 4 et 7 classes.
Tous les
Pour les surfaces, dans quel cas utiliser un dégradé de couleurs ou des symboles proportionnels ? La réponse est simple : quand il s’agit de données statistiques relatives, un ratio, un taux, utilisez un dégradé de couleurs sur les surfaces du territoire concerné et utilisez une série de symboles proportionnels pour des données de masse, des quantités brutes.
La représentation des classes statistiques par des couleurs obéit à des règles qu’il n’est pas inutile de rappeler :
Un bon test pour savoir si vos échelles de couleurs sont distinguables et lisibles : basculez votre carte en niveau de gris et repérez les nuances trop proches afin de les retravailler.
Il y aurait encore des millions de choses à dire sur l’art et la manière de créer de bonnes cartes. En suivant ces quelques conseils, non seulement vous éviterez les grandes erreurs des débutants, mais vous utiliserez beaucoup mieux les capacités de votre